Discours du Président élu Jean Ping à Lambaréné
Allocution de Son Excellence, Monsieur le Président de la République élu, Jean PING.
À l’occasion de la tournée républicaine (Lambaréné, le 4 Mars 2017)
Discours de Jean Ping à Lambaréné en PDF
Peuples du Moyen-Ogooué, Mbolouani ! Mbolani ! Belbassoga ! Bouékayé ! BIYE BA GUIMAMA ! Moulembi na Ngoubi gui tsayé tsayé !
Gabonaises, Gabonais,
Mes chers compatriotes,
Après Oyem et Mouila, nous voici aujourd’hui à Lambaréné, dernière étape de la première partie de notre tournée républicaine.
Je voudrais, avant d’aborder l’objet de ma présence ici, vous remercier pour l’accueil chaleureux que vous avez réservé à toute notre délégation.
Cette délégation est composée entre autres par :
- Les anciens candidats
Guy NZOUBA NDAMA,
Léon Paul NGOULAKIA,
Roland Désiré ABA’A MINKO et Casimir OYE MBA,
empêché ;
- Certains de ceux qui ont rendu possible la candidature unique
Zacharie MYBOTO
Didjob DIVUNGE DI DINGE
Eugene KAKOU MAYAZA
Anaclé BISSIELO ;
- Les personnalités politiques
Monsieur Jean De Dieu MOUKAGNI IWANGOU
Monsieur Benoît MOUTY NZAMBA
Monsieur Samuel MENDOU
Monsieur Albert YANGARI
- Je tiens enfin à vous présenter les excuses de
Jean François NTOUTOUME EMANE, empêché, JABO, convalescent et Jean EYEGHE NDONG, absent du Gabon.
La présence massive de tous ces leaders ici est le signe de la solidité et de la cohésion de la coalition que nous constituons.
J’adresse mes vifs remerciements au comité d’organisation qui a contribué à la réussite de cette étape importante de Lambaréné.
Je voudrais vous féliciter pour le travail accompli, pour ce noble combat républicain que vous avez gagné, à travers notre victoire commune du 27 août 2016.
Je vous adresse enfin, du plus profond de mon cœur, mes sincères et patriotiques remerciements. Mes remerciements sincères et républicains.
Mes chers compatriotes,
La tournée républicaine répondant à la demande unanime de tous les Gabonais a été décidée en accord avec tous les membres de la Coalition pour la Nouvelle République. Elle vise un objectif principal : renforcer la mobilisation et l’unité nationale pour l’accession effective au pouvoir du président élu par les Gabonais.
Avant de poursuivre, il est important que je revienne sur la crise électorale que traverse actuellement notre pays, et que je partage avec vous les voies et moyens permettant d’entrer en possession de ce qui nous a été volé : la victoire du peuple souverain.
Car à l’issue de la campagne pour l’élection présidentielle du 27 août 2016, les Gabonais ont massivement voté pour une alternance au pouvoir, afin de mettre un terme à un régime qui, jour après jour, désorganise notre État et notre société et enfonce le pays toujours plus dans l’abîme.
Les Gabonais ont voté pour un président de la République qui incarne l’alternance démocratique et qui est porteur d’une vision, mettre le Gabon à l’abri de la peur et du besoin.
Jamais les Gabonais n’ont vécu aussi longtemps sous un régime de terreur, et dans une crise généralisée, que depuis le coup d’état militaro-électoral de 2009.
Les Gabonais sont plus que par le passé dans le besoin : besoin d’emploi, besoin d’éducation, besoin de santé, besoin de manger, besoin d’argent, besoin de sommeil, besoin de certitude sur l’avenir, etc.
Par votre vote, vous avez décidé de mettre fin à cette situation. Et je suis le président de la République que vous avez choisi pour accomplir ce travail.
Sans verser dans le triomphalisme, je voudrais m’en réjouir.
Mais, comme vous le savez, nous faisons à nouveau face à un coup d’état militaro-électoral, véritable vol du vote, vol grossier de la victoire du peuple gabonais souverain. Ce vol m’empêche de me mettre effectivement au travail.
En effet, le 31 août 2016, Ali Bongo en personne a lancé des milices à l’assaut de notre QG et de paisibles citoyens dans tout le pays.
Ces attaques ont coûté la vie à plusieurs de nos frères et sœurs, dont les corps ont, pour la plupart, été emportés par les assassins et ensuite enfouis dans des fosses communes. Des charniers continuent à être découverts.
L’ensemble des dirigeants de la Nouvelle République dont la plupart sont ici présents ont failli être tués, car tel était l’objectif réel de cette attaque.
Plus de 800 arrestations ont été opérées ; on en compte encore plusieurs dont les plus emblématiques sont Bertrand ZIBI et Landry Amiang Washington, un fils du Moyen-Ogooué, pour ne citer que ces deux cas.
Très récemment encore, les forces de l’ordre ont cyniquement tiré sur les victimes des dernières inondations à Libreville.
Voilà la réalité de ce pouvoir qui ne veut pas comprendre l’injonction de quitter le pouvoir que vous lui avez adressée le 27 août 2016.
Toujours au registre des humiliations, 807 enseignants sont aujourd’hui privés de salaire. 19 autres ont été radiés des effectifs de la fonction publique, sans autre forme de procès, tout simplement parce qu’ils réclamaient le paiement de leurs salaires dus et de meilleures conditions de transmission du savoir pour nos enfants.
J’en profite ici pour vous inviter à soutenir ces enseignants en donnant chacun ce qu’il peut : 500, 1 000 ou 2 000 francs par Airtel Money.
Cette semaine encore, les forces de l’ordre ont exercé des sévices inimaginables sur des étudiants au sein du campus de l’UOB. Des gendarmes les ont déshabillés et humiliés devant leurs collègues. On parle de 6 étudiants interpellés. Où va-t-on comme ça ? Jusqu’à quand ?
Mes chers compatriotes,
Nous avons passé plusieurs mois à analyser la meilleure réponse à donner à ce énième coup d’État électoral.
Depuis six mois, la résistance s’est organisée.
Depuis six mois, nos compatriotes d’Europe et plus particulièrement de France et de Belgique, des États-Unis, du Canada et d’Afrique manifestent pour le rétablissement de la vérité des urnes.
Le résultat de cette résistance inédite, et qui honore le Gabon, est la rupture irréversible entre le peuple gabonais et le pouvoir putschiste.
Cette résistance doit aller jusqu’à la prise effective du pouvoir par celui que vous avez massivement élu le 27 août 2016.
Président élu, j’ai porté haut le message du peuple gabonais auprès de la communauté internationale pour qu’elle prenne sa part de responsabilité pour soutenir l’alternance décidée par le peuple gabonais.
Président élu, j’ai saisi les instances internationales de justice dans le but d’ouvrir des enquêtes et faire toute la lumière sur les violences et les crimes organisés par le pouvoir.
J’ai notamment saisi la Cour pénale internationale pour faire toute la lumière, particulièrement sur les massacres post-électoraux et les charniers découverts ici et là.
Président élu, j’ai organisé avec succès le Dialogue national pour l’alternance. Ces assises ont donné lieu à la formation d’une coalition prête à gouverner et à l’adoption d’un programme commun de gouvernement.
Cela veut dire que nous sommes prêts à gouverner immédiatement.
Toutes ces dispositions sont consignées dans les actes que voici.
Mes chers compatriotes,
Il se trouve qu’un groupuscule d’hommes et de femmes ont cru bon de prendre le pouvoir par la force des armes, en terrorisant et en tuant froidement des innocents aux mains nues.
Et voilà que pour légitimer leur vol, pour le rendre acceptable par vous, peuple souverain, ils nous appellent à un autre dialogue… Incroyable !
Est-ce que vous m’avez élu pour aller négocier avec ceux qui ont assassiné vos enfants ?
Est-ce que vous m’avez élu pour aller négocier avec les perdants ?
Est-ce que vous m’avez élu pour aller négocier un poste de vice-président ou de Premier ministre ?
Est-ce que vous m’avez élu pour aller partager le gâteau sur votre dos ?
Je crois que vous m’avez élu pour être président de la République gabonaise et vous ne vous trompez pas lorsque vous m’appelez désormais « président de la République élu », et je le suis. Et c’est en tant que président de la République élu que je m’adresse à vous désormais.
C’est parce que vous m’avez élu président de la République, et donc garant de la légitimité populaire et des intérêts de la Nation, que j’ai toujours refusé d’aller dialoguer avec ceux-là mêmes qui ont volé votre suffrage.
Je n’irai pas dialoguer avec eux.
La seule rencontre que l’on pourrait accepter aujourd’hui, c’est la passation des charges.
Je vous le dis et le réaffirme ici devant vous, je n’irai jamais au dialogue avec des criminels.
Laissez les collabos, les profito-situationnistes aller au bal des vampires.
Laissez-les aller danser avec ceux qui ont assassiné nos enfants après avoir volé votre victoire. Ils n’auront que leurs yeux pour pleurer après.
Moi je vous confirme que l’alternance est en marche.
Mes chers compatriotes,
Président élu, je suis aujourd’hui confiant de la fin proche du projet funeste de ceux qui veulent se maintenir au pouvoir par la force.
Je vous informe que la résolution adoptée par le Parlement européen en février dernier a clairement dit que l’Union européenne ne reconnaissait aucune légitimité à Ali Bongo.
Président élu, je me tiens devant vous.
Je viens, parce que c’est le moment de lancer l’assaut final pour une Nouvelle République, la marche vers l’alternance au pouvoir.
Cette tournée républicaine doit s’achever par la réalisation de l’alternance.
À la question que vous vous posez :
- Où est Ping ? Jean Ping est là, devant vous. Il n’a pas abandonné. Il ne vous a pas abandonné et soyez assuré qu’il ne vous abandonnera jamais. Ma détermination est plus forte que jamais.
La coalition que nous formons est respectée à l’intérieur comme à l’extérieur, elle est plus forte et mieux organisée.
J’entends vos questions :
- Ping fait quoi ? Je viens de vous dire que, depuis six mois, la coalition abat un travail considérable dont l’objectif final est d’exercer le mandat reçu du peuple gabonais ;
- Où allons-nous ? La réponse est claire, ferme et constante : le peuple gabonais m’a élu. J’incarne l’alternance. Ma place est au Bord de Mer pour conduire la rupture que vous attendez depuis des décennies. C’est maintenant ou jamais. Soyons mobilisés pour la victoire finale. Vaincre ou mourir… Nous vaincrons…
C’est le peuple qui a voté qui tient le pouvoir. C’est le peuple qui a voté qui exerce le pouvoir par celui qu’il a choisi.
Je dois maintenant faire la démonstration du poids de la mobilisation de toutes les forces vives qui me soutiennent et veulent l’alternance.
La force populaire qui vote est la même qui installe au pouvoir. C’est la légitimité du peuple et le peuple c’est vous, la légitimité c’est vous.
Nous devons nous mettre en mouvement, ensemble, du nord au sud, de l’est à l’ouest, en passant par le centre, Lambaréné, et dans tous les secteurs d’activité et tous les milieux sociaux.
Mes chers compatriotes,
N’ayez plus peur. Ayez confiance.
Les génies de l’air, de l’eau et de la terre sont avec nous. Les mânes de nos ancêtres nous accompagnent.
Dieu est au contrôle ; il a entendu nos prières, il a entendu nos pleurs.
Essuyez vos larmes.
Le sang de nos martyrs crie justice et bientôt nous entrerons triomphalement en terre promise.
Avec MAMBOUNDOU et AMO, et sous le regard bienveillant ici de Nkomb’Ademba et d’Emane Ntole, le peuple gabonais a courageusement gravi les montagnes, traversé les fleuves. Il a emprunté l’Ogooué, les lacs du nord, les lacs du sud et les rivières.
Maintenant, avec la coalition, nous sommes aux portes de l’estuaire pour entrer triomphalement à la présidence de la République.
Et il en sera ainsi.
Vive le Moyen-Ogooué pour que vive bientôt la Nouvelle République.
AKEWANI ! ABORA ! DIBOTI ! LIBOTÔ !
Je vous remercie.