À propos de la dépénalisation de l’homosexualité
À PROPOS DE LA DÉPÉNALISATION DE L’HOMOSEXUALITÉ
Libreville, le 04 juillet 2020
Le 21 juin 2020 a été voté la loi sur la dépénalisation de homosexualité alors que ce même pouvoir, le 5 juillet 2019, par la loi 042/2018 (article 402-alinéa 5) avait criminalisé l’homosexualité. Auparavant aucune disposition ne prévoyait de sanctions contre « les relations sexuelles consenties entre adulte de même sexe ». Par ce rétropédalage, ces deux lois ont fait d’une réalité présente dans le domaine privé un débat sociétal sans aucune concertation et préparation. C’est dans ce contexte que le Président de la République élu Jean Ping s’est adressé à aux Gabonais.
Téléchargez le discours dans son intégralité : Discours sur la dépénalisation de l’homosexualité
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Je considère pour ma part, que sans consultation aucune, un choix a été imposé aux Gabonais et ce choix fait désormais débat et divise le corps social.
La division
Extrait : Sur le fond ou sur la forme, alors que nous vivons un moment historique qui pousse chaque Nation responsable à penser le monde post-Covid-19, le monde de demain, cette initiative totalement inopportune aux allures de diversion, a toutes les raisons d’être condamnée.
Qu’est ce qui justifiait, alors que les Gabonais se battent contre un virus qui bouleverse complètement leur vie, qu’on s’aventure aujourd’hui, à faire voter, en urgence, pistolet à la tempe, une loi qui, au lieu de régler un problème en soulève un autre, la division ?
Ce régime est en total déphasage avec la majorité de ceux qui se sont déjà exprimés pour prendre position sur ce débat de société : dans une large et écrasante majorité, les Gabonais ne veulent pas de cette dépénalisation de l’homosexualité !
Ils n’en veulent pas !
La ficelle est bien trop grosse, le piège qui consiste à qualifier le peuple gabonais, attaché aux us et coutumes de son pays et qui s’oppose fermement à cette initiative inopportune, de peuple homophobe, ne peut convaincre personne.
Qui peut croire que ce régime qui a brillé par son inhumanité, notamment en 2016, peut sincèrement se préoccuper du bien-être d’une minorité ?
Qui peut encore croire au Gabon à ce régime qui a tant prouvé par sa criminalité, sa soif effrénée du pouvoir, son aversion pour l’écrasante majorité des Gabonais qui partage l’envie, le besoin de démocratie, d’alternance, de respect de son vote et de ses droits fondamentaux ?
Le peuple Gabonais, une fois de plus aura espéré en vain. À quand le sursaut patriotique, à quand le retour du bon sens, de la rationalité ? N’était-il pas temps pour certains, de basculer du bon côté de l’Histoire pour la survie de notre unique pays ?…
Le Président de la République élu Jean Ping a ensuite rappelé que le 27 août 2016, le peuple gabonais s’est clairement exprimé en le désignant pour présider leur destinée. Dans l’écoute, il a entendu la demande du peuple qui demande le retrait pur et simple de ce texte de loi.
Je suis et je reste du côté du Peuple.
La résistance du peuple
Extrait : L’histoire du droit enseigne qu’aucune législation, fut-elle futuriste, ne peut prospérer dans l’espace et dans le temps, si elle heurte brutalement et profondément les valeurs culturelles, religieuses et traditionnelles qui sont censées la sous-tendre.
Les initiateurs de la loi du 31 mai 1963, avaient cru bon de vouloir inscrire de force les populations gabonaises, à peine sorties de la colonisation, dans une modernité qui n’était pas la leur.
Ces « coopérants » de l’époque croyaient qu’il suffisait d’imposer une disposition pénale, conforme à leur monde, pour voir les populations gabonaises changer leurs pratiques matrimoniales qui, non seulement remontent à des temps immémoriaux, mais en plus structurent fondamentalement leur vision du mariage.
Ces « coopérants postcoloniaux » croyaient surtout importer au Gabon leur vision du mariage qui n’avait rien à voir avec ce que représente pour les Gabonais d’hier et d’aujourd’hui cette institution capitale dans leurs structures parentales et sociales.
C’était sans compter avec la résistance d’un peuple ; un peuple Gabonais qui reste attaché à ses us et coutumes et qui n’entend pas les sacrifier sur l’autel d’une modernité dans laquelle il ne se reconnaît pas.
L’actualité du Gabon révèle une fois de plus les pratiques d’un régime imposteur, usurpateur et totalitaire qui agissent sans concertation avec les forces vives de la Nation.
Parmi ceux qui agissent dans l’ombre pour servir ce sinistre dessein, se trouve la bande à Sylvia Valentin.
L’instabilité
Extrait : La bande à Sylvia est plus que jamais à la manœuvre ; elle menace, intimide et s’autorise même à agir, au nom d’Ali Bongo Ondimba, pour imposer des lois et des mœurs qui ne manqueront pas de plonger le Gabon dans une instabilité parentale, sociale et politique, dont les conséquences sont imprévisibles.
Ces clans d’imposteurs et les lobbies qui les soutiennent, pourtant conscients que le pays vit toujours dans des tensions politiques permanentes, ont fait leur choix.
En agissant comme ils le font actuellement, ils prouvent et confirment aux Gabonais, aux Nations amies et au monde entier que la stabilité du pays et la paix sociale au Gabon ne sont pas inscrites dans leurs priorités.
En plus du coup d’Etat militaro-électoral de 2016, en plus de la crise postélectorale et de ses conséquences, ils ont ainsi décidé avec l’amateurisme et la légèreté qui les caractérisent, d’exacerber les tensions dans le pays, en prenant le risque de voir la situation échapper définitivement à tout contrôle.
Le président de la République élu Jean Ping a continué son allocution en rappelant que le peuple a déjà su dire NON par le passé et agir au nom du sursaut patriotique. Il est donc impératif de revenir à l’essentiel.
C’est pourquoi, il est plus qu’urgent de mettre maintenant fin au règne anticonstitutionnel, illégal et illégitime de Sylvia Valentin et Noureddin.
La vacance
Extrait : L’occasion est donc trop belle pour ces mêmes imposteurs de tenter de nous détourner de la préoccupation du moment, à savoir, la vacance de pouvoir au sommet de l’État, causée par l’incapacité manifeste d’Ali Bongo Ondimba dont l’état de santé ne permet plus d’assumer les charges usurpées de Chef de l’État.
J’interpelle par conséquent les amis du Gabon, d’ici et d’ailleurs : aidez le Gabon à ne pas sombrer davantage ; aidez le Gabon à ne pas plonger dans le chaos !
Car, il est évident qu’en s’exprimant comme elles le font, en ce moment, avec clarté et fermeté, les forces vives du pays confirment la rupture avec les membres d’un régime qui n’a plus aucune considération pour le peuple Gabonais.
Le Président de la République Jean Ping a souligné son attachement aux valeurs démocratiques et aux libertés fondamentales de tous. Face aux réactions que l’on observe, par rapport au débat sur la dépénalisation de l’homosexualité, une large consultation est devenu nécessaire.
Je préserverai alors le pays de toute violence inutile ou de toute stigmatisation, d’où qu’elle vienne.
Extrait : En réaffirmant la nécessité de préserver la tradition de tolérance, en vigueur au Gabon, je m’engage à gouverner ainsi, dès que j’aurai repris tous les attributs du Pouvoir conférés par le suffrage des Gabonais.
Dans le strict respect de nos valeurs et des principes inscrits dans la Constitution gabonaise, en étant démocrate, je le ferai, en m’appuyant sur les mécanismes indiqués pour consulter le peuple souverain, sur les grandes questions. Ils existent et sont gravés dans notre Constitution. Nul ne devrait l’ignorer.