Déjà 724 millions saisis en France contre la présidente de la Cour constitutionnelle gabonaise !
© info241.com – Publié le 24 mars 2017 à 11h10min – Quand droit constitutionnel rime avec enrichissement illicite. C’est pourtant le rêve éveillé vécu par Marie Madeleine Mborantsuo, l’indéboulonnable présidente qui trône à la Cour constitutionnelle gabonaise depuis le 26 mars 1991. La belle-mère d’Ali Bongo est depuis 2014 sous le viseur de la justice française, nous a révélé mercredi, nos confrères du Canard enchaîné. La spécialiste des contentieux post-électoraux à sens unique aurait une seconde vie d’argentière milliardaire, assortie de gros comptes bancaires alimentés principalement en cash. Des activités illicites qui ont contraint la justice française à s’en mêler en saisissant pas moins de 724 millions de nos francs ainsi que plusieurs biens immobiliers.
Que cache donc cette sombre affaire qui sent le gros sous dans la lignée des biens mal acquis dont Omar Bongo et sa famille continue d’en constituer le pivot ? D’où proviennent ces fortes sommes d’argent et pourquoi Marie Madeleine Mborantsuo s’offre autant de comptes bancaires en Occident ? Autant de questions que se pose la justice française en lieu et place de celle gabonaise, aveugle consentante.
Une justice gabonaise à deux vitesses qui lance une opération « Mamba » épargnant les tenanciers qui maintiennent le régime Bongo-PDG. Pour rappel des faits qui ont mis la justice française à ses trousses, la très influente présidente de la Cour constitutionnelle gabonaise est soupçonnée de recel de détournements, soustraction ou destruction de fonds publics et blanchiment en bande organisée. L’enquête préliminaire est menée par le parquet national financier de Paris.
La vie cachée de Marie Madeleine Mborantsuo
Marie Madeleine Mborantsuo aurait-elle une seconde vie à l’étranger ? La présidente de la Cour constitutionnelle gabonaise est sous le coup d’une enquête vieille de 3 ans qui a déjà permis à la justice française de saisir plus de 1,1 million € soit 724 millions de franc CFA de ses comptes à Monaco, au Luxembourg, au Liban, au Canada et aux Etats-Unis. L’intraitable haut magistrat posséderait même 3 comptes différents dans la Principauté de Monaco dont plus d’un million déjà aurait déjà été saisis.
Une activité judiciaire soigneusement dissimulée par la gardienne de la Loi fondamentale gabonaise, loin de toute contre-enquête nationale. Loin d’une audition de nos juridictions nationales visiblement complices de ces agissements hors-la-loi. L’actuelle opération mamba dégainée encore récemment par le gouvernement et exécutée par la police militaire gabonaise, choisit bien ses cibles, laissant courir les personnalités qui permettent inlassablement la perpétuité du régime BongoPDG.
Bien qu’un recours ait été présenté par son avocat jeudi matin à la Chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris, qui a délibéré à huis clos. Son avocat n’est autre que Maître Pierre Haïk, considéré comme un ténor du barreau. Il a déjà défendu des politiciens connus comme Nicolas Sarkozy ou Laurent Gbagbo. Il était injoignable ce jeudi.
De fortes sommes d’argent en liquide saisies
Pour ne rien arranger, la présidente de la Cour constitutionnelle gabonaise comparaissait hier devant les juges français. Elle conteste via ses avocats, certaines de saisies effectuées contre sa multitude de comptes bancaires, souligne le Canard enchaîné dans sa livraison du mercredi 22 mars 2017.
La justice française reprocherait à 3M les très fortes sommes d’argents versées en liquide pour approvisionner ses nombreux comptes à l’étranger. Les enquêteurs français ont même réussi à saisir lors de l’un de ses séjours dans l’hexagone, la bagatelle somme de 100.000 € en espèces soit près de 66 millions de nos francs.
Des sommes qui laissent songeur sur leur origine car n’empruntant pas les circuits conventionnels. Sinon comment comprendre que la doyenne du droit constitutionnel ait autant de comptes bancaires à l’étranger dont certains reconnus comme des paradis fiscaux ? Que fait donc la justice gabonaise depuis 2014 que cette enquête vise l’une de ses plus hautes représentantes ?
Le règne gabonais de l’impunité
Sous d’autres cieux, de telles suspicions entraîneraient la démission du mis en cause mais au Gabon, trop de responsables politiques ou institutionnels n’ont que faire de l’éthique professionnelle. Ils ne sont jamais inquiétés par la justice. Certains comme Marie Madeleine Mborantsuo, continuent de faire parler “une justice” dont eux-mêmes n’en sont soumis.
Un haut plénipotentiaire d’une Cour constitutionnelle baptisée par l’opposition gabonaise « Tour de pise » qui depuis plus de 40 ans donne raison au régime au pouvoir, systématiquement à chaque contentieux électoral présidentiel, législatif et local laissant considérant la voix des urnes, le choix du peuple gabonais comme une chimère. Un non-sens dans un pays au relan dictatorial qui se dit tout de même « République démocratique ». Mme Mborantsuo a fait en sorte que la Cour constitutionnelle soit le cœur d’une grande mafia électorale organisée et orchestrée par son maestria lors de tous les rendez-vous électoraux gabonais.
Bien que la présomption d’innocence nous impose le bénéfice du doute suite à sa condamnation probable avec cette affaire qui l’éclabousse de plein fouet, difficile de croire à la probité déjà écornée de Marie Madeleine Mborantsuo. Ni à sa propension à lire le droit ou même rendre une quelconque décision au nom du Peuple gabonais, qui visiblement désigne la classe politique affairiste qui dirige sans aucun contre-pouvoir, un pays d’experts impunis, à tous les niveaux et dans tous les secteurs économiques clés.
Une nation dont les détournements de deniers publics sont la marque de fabrique pour vivre luxueusement dans le pays et en Occident par le biais des réseaux affairistes africains, français dissimulés dans le monde entier. Et ce, au détriment de l’équilibre du peuple gabonais qui croupit dans une pauvreté galopante cohabitant avec des hommes et femmes luxuriants proches pouvoir Bongo-PDG. A quand l’effectivité d’une impartialité requise de la Justice gabonaise ?
par Philippe Makinalok