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Lettre à chaque Gabonais

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Madame, Monsieur, chers compatriotes

Le moment est venu ! 

Nous voici à la veille de ce jour où vous devrez décider de l’avenir du Gabon. Demain vous aurez le choix entre deux perceptions différentes de notre pays, deux visions opposées de son avenir, deux conceptions contraires de l’exercice du pouvoir. Après avoir sillonné notre pays, village par village, canton par canton, ville par ville, département par département, province par province, je peux affirmer avoir vu vos souffrances et misères. Je peux affirmer avoir ressenti vos attentes, vos peurs, vos craintes. J’ai entendu ce que vous m’avez dit. Vous avez confirmé ce que je pressentais.

Aujourd’hui, je puis proclamer que le désir de changement est profond et largement partagé. Une grande majorité d’entre vous ne veut plus de ce système dynastique, prédateur et arrogant. La colère est là, manifeste, mais l’espérance aussi. J’entends y répondre. Dans l’union, le travail et la justice, je veux réformer notre pays. Autour de nos valeurs essentielles, je veux rassembler toutes celles et tous ceux qui croient en l’impartialité de l’État et de la Justice, en la coexistence harmonieuse des religions, en l’éthique du bien commun et en la stabilité de la famille. Trop d’inégalités ont creusé le fossé social dans notre pays, trop d’injustices ont été commises, trop de frustrations accumulées : il y a une urgence réelle à nous engager sur le chemin de la réconciliation et du redressement. Nous sommes face à nos responsabilités. Nous ne pouvons et ne devons pas rater ce rendez-vous de l’histoire. Nous ne le devons pas pour nous-mêmes, mais pour notre pays.

Notre Gabon ne sera plus celui où une seule famille règne durant un demi-siècle. Notre Gabon ne sera plus ce pays qui ne fait que vendre ses matières premières sans rien produire, et où 80% des produits de consommation est importé. Notre Gabon ne sera plus celui où une minorité s’accapare de la rente, la transforme en bien privé, et maintient la majorité dans la pauvreté. Notre Gabon ne sera plus celui où le juge punit le voleur de poules et protège le grand bandit. Notre Gabon ne sera plus celui où le président de la République affiche une indifférence totale devant la douleur d’une dame qui a vu toute sa famille mourir écrasée par un train.

Notre Gabon ne sera plus celui où on rase le village de Lengoye dans l’Ogooué-Lolo pour y installer une plantation de palmiers à huile. Notre Gabon ne sera plus celui où on organise des rencontres internationales sous des chapiteaux ou des tentes. Notre Gabon ne sera plus celui où l’on transforme les vestiaires d’un stade de football en salles de classe. Notre Gabon ne sera plus celui où une dame donne la vie dans la cour d’un hôpital. Notre Gabon ne sera plus celui où les différends politiques se règlent par l’empoisonnement. Notre Gabon sera celui où la protection sociale, l’éduction et la santé sont des priorités ; celui où le dialogue et la solidarité seront des principes d’action, où, la compassion et le respect des terroirs seront de mise. C’est ce Gabon que je vous propose de bâtir ensemble, tous ensemble, à partir du 27 août prochain.

Vous vous êtes prononcé pour la modernisation de notre Etat. Je veux le faire avec vous. Aujourd’hui, le Gabon est considéré comme un «État voyou» dont le chef est accusé d’avoir fait fabriquer de faux actes de naissance. Nous devons mettre un terme à la connivence institutionnelle, à la confusion entre intérêts publics et privés dans la sphère publique. Pour ce faire, j’appelle au rassemblement de tous ceux qui veulent réaffirmer la séparation des pouvoirs, clarifier les compétences et faire prévaloir les critères de compétence et d’abnégation pour les nominations aux fonctions les plus importantes de l’État en accordant au Parlement un droit de censure.

Vous vous êtes prononcé pour une Nation qui protège l’individu, respecte les différences, garantit la coexistence, affirme nos identités et revendique notre ancrage dans la Francophonie. Le septennat d’Ali Bongo Ondimba a été marqué par la dissolution de l’Union Nationale, la détention arbitraire de responsables syndicaux ou politiques, les interdictions et dispersions brutales de manifestations politiques ou sociales ainsi qu’une fantaisiste annonce d’adhésion au Commonwealth.

Pourtant garanties par la Constitution, les libertés individuelles n’ont jamais été autant violées. Il n’est pas tolérable que les citoyens soient systématiquement mis sur écoute. Nous devons immédiatement mettre fin à ces pratiques dignes des dictatures du siècle dernier. Il est tout aussi inadmissible que notre patrimoine national, matériel et immatériel, ne soit pas protégé. Je réaffirme ici que la liberté doit être au centre de notre pacte républicain, que la Justice comme la force publique doivent en premier la protéger et en garantir l’exercice. Je proclame que la culture est la clef de voûte de la cohésion nationale, qu’elle est la meilleure affirmation de notre identité et de notre fierté d’être Gabonais, qui est aussi celle d’avoir pour langue officielle le français.

Vous vous êtes prononcé pour une nouvelle République, fondée sur une vision, des principes et des valeurs partagés. Cette nouvelle République, vous la voulez juste et au service de tous. Pour notre pays, je m’engage à ne jamais instrumentaliser les communautés religieuses à des fins politiciennes. Je reste convaincu qu’une éthique du bien commun doit servir de référence à toute personne qui aspire à se faire élire. Pour tirer le meilleur parti de nos atouts et de l’environnement international, il faut un regard neuf sur les évolutions en cours. Il nous faut inventer de nouvelles solidarités afin de relever les défis de notre temps et mieux préparer l’avenir. L’Etat doit être au cœur de ce nouveau compromis social. Il doit favoriser le dialogue et nous sortir de cette conception patrimoniale et monarchique qui a tant freiné notre développement. Notre pays a besoin de respirer. Il veut s’oxygéner.

Conscient du déclin de notre pays, vous rêvez d’un changement profond. Face à l’échec cuisant d’Ali Bongo Ondimba et à l’immobilisme du Parti démocratique gabonais (PDG), vous rêvez de changement. Ce changement passe par la voie que je vous propose. Je suis convaincu de représenter la réponse aux défis d’aujourd’hui. Je sais qu’il est temps de rétablir l’Etat de droit, que l’organisation et le fonctionnement des institutions constitutionnelles doivent être repensés et qu’une réforme participative de la Constitution doit être conduite. Je sais qu’il faut lutter contre la corruption et les détournements de deniers publics en clarifiant les droits et obligations des détenteurs de l’autorité publique, en limitant les mandats politiques, en interdisant le cumul des mandats et en mettant fin à l’impunité. Pour mieux redistribuer la richesse nationale, je suis d’avis qu’il faut réformer le marché du travail et le régime de protection sociale. Je sais aussi qu’il faut renforcer la stabilité régionale et internationale par la promotion d’alliances dynamiques fondées sur l’intérêt des populations, c’est-à-dire votre intérêt. C’est, à mes yeux, une autre façon de diversifier et stimuler la compétitivité de notre économie.

Cette vision, je la partage avec Léon Paul Ngoulakia, Guy Nzouba Ndama et Casimir Oyé Mba. Je la partage aussi avec Jacques Adiahénot, Séraphin Akouré Davain, Francis Aubame, Alexandre Barro Chambrier, Jules Aristide Bourdès Ogouliguendé, Didjob Divundui Di Ndinge, Jean Eyéghé Ndong, Louis Gaston Mayila, David Mbadinga, Michel Menga, Paulette Missambo, Benoît MouityNzamba, Richard Moulomba Mombo, Jean de Dieu Moukagni Iwangou, Zacharie Myboto, René Ndemezo’Obiang et Alfred Nguia Banda. Je la partage également avec toutes celles et tous ceux qui pensent Gabon d’abord, rêvent d’un Gabon pour tous et veulent mettre le Gabon à l’abri de la peur et du besoin. Voilà pourquoi tout peut changer.

Voilà pourquoi tout doit changer. Pour que ce basculement se produise, il faut vous organiser de manière à protéger votre vote. Il faut agir de manière à empêcher au pouvoir sortant de le dévoyer et confisquer votre victoire. Cette organisation passe par le suivi du déroulement du scrutin, le suivi du dépouillement, l’enregistrement des résultats par bureau, leur transmission à la centralisation, l’accompagnement des urnes et une présence massive devant les préfectures et gouvernorats au moment de la proclamation. Notre bonne organisation va changer la donne et permettre ce 27 août 2016 ce qui jusque-là était impossible.

Madame, Monsieur, chers compatriotes,

Nous pouvons et devons prendre le pouvoir dès demain soir dans les urnes. Nous pouvons et devons imposer cette alternance tant attendue. Nous pouvons et devons donner naissance à un changement qui ne serait pas simplement celui des hommes, mais celui des idées, valeurs et principes. Il est question de bouleverser en profondeur notre manière de faire pour jeter les bases d’un Gabon nouveau.2016 ne doit pas être 2009. Je suis persuadé que les efforts extraordinaires que nous avons déployés pour bâtir notre unité produiront leurs fruits. Je suis convaincu que nous pouvons rendre féconde et bénéfique cette candidature unique que je porte. Je pense que le renouveau de notre pays sera au rendez-vous. Il faut pour cela que nous sachions prendre sur nous, faire preuve de rigueur et de détermination dans l’intérêt de notre pays. Je sais que vous y êtes prêts. Pour ma part j’y suis résolu.

Nous sommes les héritiers de Pierre Mamboundou Mamboundou et d’André Mba Obame. Nous sommes les héritiers Pierre Amoughe Mba, de Daniel Kombé Lekambo, de Pierre Claver Zeng Ebome, de Pierre Louis Agondjo Okawé et de Joseph Rendjambé. Nous sommes les héritiers de nos illustres prédécesseurs qui, dès lors qu’ils en avaient pris la décision, ont consacré leur vie à la libération du Gabon. Notre victoire sera d’abord la leur. Le 27 août prochain, nous allons ensemble nous lever et marcher vers la libération. Tous ensemble et avec l’aide de Dieu, nous allons libérer notre pays.

Pour que 2016 ne soit pas 2009, votez pour moi et changeons ensemble de président de la République dès demain.

Jean Ping

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