Jean Ping candidat à la candidature unique du Front de l’opposition – Woleu-Ntem
Discours de Jean Ping prononcé dans le Jean Ping à Oyem dans le Woleu-Ntem
Discours de Jean Ping à Oyem, chef lieu du Woleu-Ntem :
“Gabonaises, Gabonais, peuples du Woleu-Ntem ;
Mes chers compatriotes.
C’est avec une vive émotion ressentie au plus profond de moi en même temps qu’un grand privilège, que je prends la parole pour la première fois dans cette charmante ville d’Oyem, chef-lieu de la province du Woleu-Ntem.
Mais avant de poursuivre plus loin mon propos, je voudrais qu’ensemble nous observions une minute de silence en la mémoire de tous les compatriotes qui ont perdu leur vie pour la libération de notre pays. Et j’ai, en ce moment, une pensée particulière pour l’un d’entre eux, André MBA OBAME.
Vous me permettrez de m’acquitter d’un agréable devoir, celui de remercier chaleureusementle comité d’organisation de cette tournée provinciale dans le septentrion du Gabon, mais également le comité des sages, les valeureux hommes et femmes du Woleu-Ntem, sans oublier la jeunesse du Nord qui se sont très fortement mobilisés pour que cette rencontre soit un véritable succès.
Comme à son habitude, le Woleu-Ntem n’a pas failli à sa longue tradition d’hospitalité, et croyez bien que cela me touche, car c’est la première fois que vous me recevez dans cette circonstance inédite.
Pourquoi suis-je aujourd’hui dans le Woleu-Ntem ?
Beaucoup parmi vous se posent certainement cette importante question. Au-delà de la ville d’Oyem et de la province septentrionale, tout le Gabon, je le crois, souhaite être édifié sur mes intentions, mes motivations profondes.
Mais avant de m’ouvrir à vous sur les nobles ambitions que je nourris pour notre pays, je me dois de me présenter à cette auguste et importante assemblée, comme il est de tradition chez les peuples du Woleu-Ntem.
Je suis Jean Ping, fils de Charles Ping. Mon père était d’origine chinoise, il avait quitté la Chine à 19 ans et n’y était jamais retourné ; il est enterré à Omboué dans mon village natal.
Ma mère, Germaine Anina, appartenait au peuple d’Etimbwé-Nkombé que l’on nomme aujourd’hui Nkomi et qui fait corps avec le groupe Ngwèmiènè. Elle a eu quatre enfants, dont l’aîné, Maître Agondjo Okawé est décédé en 2005.
Je suis né le 24 novembre 1942 dans la petite ville d’Omboué, dans la province de l’Ogooué-Maritime. J’ai fait mes études primaires à Omboué, mes études secondaires au Lycée Léon Mba, à Libreville dans l’Estuaire, et achevé mes études universitaires à l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, en France, qui furent sanctionnées par un doctorat d’Etat en Sciences économiques.
Après une carrière internationale entamée à l’UNESCO dès 1972, je rejoins le ministère des affaires étrangères du Gabon en 1979 comme diplomate. En 1984, je rentre au cabinet du président de la République Omar Bongo Ondimba avant de devenir membre du gouvernement en février 1990.
Je suis resté au gouvernement jusqu’à mon élection à la présidence de la Commission de l’Union Africaine, le 6 février 2008.
Auparavant, j’avais présidé l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) en 1992. De 2004 à 2005, je préside la 59ème Assemblée générale des Nations Unies.
Pour avoir travaillé pendant longtemps aux côtés du président Omar Bongo Ondimba, je porte une part de responsabilité dans la gestion du pays.
Vouloir s’en soustraire aujourd’hui serait un manque flagrant d’honnêteté intellectuelle et une absence totale de courage politique. Je regrette sincèrement que nous ne soyons pas allés aussi loin que nous l’aurions souhaité. Je m’en repenti devant vous ici et maintenant.
Justement, si je constitue une partie du problème, je suis aussi une partie de la solution et par conséquent j’ai le devoir d’assumer le redressement du pays par le sacrifice que je me suis engagé à faire pour nos enfants et nos petits enfants à nous tous. Car vos enfants sont les miens, les miens sont aussi les vôtres. Dieu nous aidera coûte que coûte si nous nous serons les coudes jusqu’au bout.
Je suis Gabonais et c’est pour cela que je me sens bien dans le Woleu-Ntem. Je me sens vraiment avec les miens ici.
Depuis 2009, le régime qui s’est installé dont chacun peut apprécier objectivement la nature hideuse et l’ambition monarchique de se maintenir absolument au pouvoir. Ce mandat de l’imposture a accentué la précarité des populations les plus fragilisées, entretenu une défiance politique, une atonie économique et une contestation du front social qui ne faiblit pas.
S’agissant particulièrement de la province du Woleu-Ntem, que dire de toutes ces promesses qui ont ponctué le conseil des Ministres délocalisé et tenu dans la ville d’Oyem !
L’état des infrastructures promises s’est-il amélioré ?
Le réseau routier reliant par exemple Oyem et Minvoul est-il bitumé ?
L’alimentation en eau potable et en électricité des nombreux villages du Woleu-Ntem est-elle effective ?
Pourquoi l’hôpital d’Oyem est-il devenu un mouroir pour les populations malades qui s’y rendent ?
Combien de nouvelles écoles ont été construites dans le septentrion depuis 2009 ?
Le Woleu-Ntem dont la tradition d’entreprenariat, notamment dans le secteur agricole, n’est plus à démontrer doit-il vivre dans cet état de pauvreté entretenu machiavéliquement par un pouvoir qu’il a toujours rejeté ?
Les éminents cadres du Woleu-Ntem méritent-ils d’être persécutés dans leur propre pays à cause de leurs choix politiques ?
En 2009, le Woleu-Ntem a élu André Mba Obame avec une majorité écrasante, mais pourtant, ce dernier n’a pas accédé à la magistrature suprême car un déni de la souveraineté nationale a consacré dans la violence et le sang le hold-up électoral.
Dans exactement 12 mois, le Woleu-Ntem devra confirmer son vote pour l’alternance afin que notre pays entre résolument dans l’ère du changement tant attendu par toutes les populations du Gabon. C’est le sens du combat que vous menez depuis bien longtemps et pour lequel je veux désormais apporter ma modeste contribution.
Quand en février 2013, j’ai rompu avec le PDG et le régime dit émergent, j’avais considéré que garder le silence devant cet amateurisme incompétent qui conduisait l’Etat gabonais à la faillite serait une forme de complicité et une trahison envers la nation. J’ai donc décidé de rejoindre l’opposition déterminée et résolue à mettre fin à près de 50 ans de mauvaise gestion afin d’offrir une autre perspective au peuple gabonais.
Il fallait canaliser toutes les forces vives éprises d’alternance et de changement. Nous avons donc créé en juillet 2014, le Front Uni de l’Opposition pour l’Alternance qui regroupe divers personnalités et partis politiques.
Cet instrument politique est actuellement mis au service du peuple gabonais pour qu’il réalise en 2016 son vœu le plus cher : l’alternance et le changement.
Je suis, pour ma part, attaché à la mise en œuvre d’un cadre qui garantisse la plus grande transparence lors des prochaines élections présidentielles, et j’entends y consacrer toute mon énergie. Même si, le PDG a toujours été battu dans les conditions électorales existantes.
C’est dire que le nœud du problème en vue d’une alternance pacifique et démocratique au Gabon ne réside pas essentiellement dans cette exigence électorale fondamentale. Mais bien ailleurs. Et je pense avoir la volonté nécessaire et les capacités requises pour convaincre ceux qui, dans l’ombre et parfois hors de nos frontières, confisquent depuis toujours la liberté du peuple gabonais et nient son choix souverain.
Mes chers compatriotes,
Je puis vous rassurer aujourd’hui, le travail entamé dans ce sens porte déjà ses fruits. Les derniers évènements du Gabon qui ont ponctué l’actualité internationale en sont la preuve palpable. Et ce n’est pas fini. Il faut en finir avec ce régime moribond en mutualisant nos forces à l’intérieur du pays.
Aussi, l’idée d’une candidature unique pour s’assurer toutes les chances de prise du pouvoir après la victoire lors du prochain scrutin présidentiel doit également être concrétisée au sein du Front. Ces deux objectifs ne sont pas contradictoires, loin s’en faut. Mieux, ils doivent être poursuivis simultanément.
Nombreux parmi vous me soutiennent et en appellent parfois publiquement à ma candidature. D’autres ont même publiquement manifesté leur préférence à ma modeste personne pour conduire cette noble bataille. Tout en leur exprimant ici toute ma gratitude, je reçois, croyez-le, avec grande humilité mais surtout gravité, cette marque de confiance qui m’émeut énormément.
C’est pourquoi, moi, Jean Ping, après mure réflexion, j’annonce solennellement, du haut de cette tribune de la ville d’Oyem, aux peuple du Woleu-Ntem et du Gabon tout entier, que je suis officiellement candidat à la candidature unique de l’opposition pour les prochaines échéances présidentielles et que j’irai jusqu’au bout.
Il va sans dire que cette décision, mûrement réfléchie, est assortie d’une offre politique certaine que je soumettrai le moment venu au peuple gabonais dans le cadre d’un projet de société détaillé, crédible et réaliste.
Avant de conclure mon propos, je voudrais vous laisser méditer sur un proverbe chinois qui doit avoir son équivalent chez les Ekang :
« Quand on suit quelqu’un de bon, on apprend à devenir bon ; quand on suit un tigre, on apprend à mordre ».
Autrement dit, vous devez absolument savoir qui vous suivrez en 2016 car votre choix déterminera l’avenir de notre cher pays, le Gabon.
Ne perdons pas courage, ensemble soyons déterminés.
Vive la ville d’Oyem !
Vive la province du Woleu-Ntem, dans un Gabon uni et prospère !”
Jean Ping